Une dynamique du trafic portuaire marocain qui transforme le commerce international
Au premier trimestre 2025, le trafic portuaire marocain a enregistré une progression significative de 10,2 %, atteignant 60,8 millions de tonnes. Cette dynamique traduit non seulement une relance du commerce extérieur, mais surtout une montée en puissance des infrastructures portuaires marocaines dans un contexte de régionalisation des échanges. Cette évolution interpelle les acteurs de la logistique nationale sur leur capacité à accompagner cette croissance dans une logique de performance et de compétitivité.
Tanger Med en locomotive, mais un hinterland inégal
La croissance actuelle reste largement portée par les performances du complexe Tanger Med, plateforme phare du transport maritime au Maroc, qui concentre à lui seul une grande part du trafic. Toutefois, cette centralisation met en lumière une problématique persistante : la faible intégration logistique des autres ports (Jorf Lasfar, Casablanca, Nador), dont les performances stagnent. Cette asymétrie nuit à l’équilibre territorial et à la fluidité des flux multimodaux dans l’hinterland.Tanger Med Port Authority –
Connectivité multimodale et logistique : clés pour fluidifier le trafic portuaire marocain
Cette montée en charge du trafic portuaire soulève des défis logistiques majeurs. D’abord, la nécessité d’investir dans la connectivité terrestre (routes, rails, plateformes logistiques régionales) pour fluidifier les flux. Ensuite, l’optimisation des capacités de traitement (grues, entrepôts, digitalisation douanière) devient cruciale pour éviter les congestions. Enfin, une meilleure intégration des PME logistiques marocaines dans les chaînes de valeur portuaires renforcerait la résilience de l’écosystème.
Opportunités et défis du trafic portuaire marocain dans un contexte géostratégique
Cette dynamique offre une opportunité majeure : repositionner le Maroc comme hub régional incontournable du commerce maritime entre l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et l’Asie. Mais elle comporte aussi des risques si l’infrastructure terrestre et logistique ne suit pas. Le manque de coordination interportuaire, l’inefficience administrative et l’urbanisation anarchique autour des zones logistiques pourraient rapidement transformer un avantage en goulet d’étranglement.
Une vision prospective : cap sur l’intégration logistique
À terme, cette progression devrait s’inscrire dans une stratégie intégrée visant à renforcer les chaînes de valeur portuaires et terrestres, à décentraliser l’activité vers des pôles secondaires (Nador West Med, Dakhla Atlantique), et à digitaliser l’ensemble des flux logistiques. La mise en place d’un observatoire national de la performance logistique, en synergie avec les opérateurs portuaires et les chargeurs, serait un levier structurant.
La hausse du trafic portuaire au T1-2025 est un signal fort. Elle montre que le Maroc a les atouts pour devenir un acteur logistique majeur, à condition d’anticiper les défis structurels. L’enjeu n’est plus seulement d’acheminer plus de marchandises, mais de structurer une chaîne logistique compétitive, résiliente et durable, apte à servir l’ambition d’un Maroc exportateur et connecté.