Une nouvelle dynamique logistique au large de l’Europe

Le Maroc poursuit sa stratégie d’intégration dans les chaînes de valeur mondiales en multipliant les connexions maritimes. Dernier exemple en date : la montée en puissance des échanges avec le port de Castellón, désormais deuxième plateforme espagnole en volume de fret maritime avec le Royaume. Cette évolution illustre un repositionnement stratégique qui vise à fluidifier les flux logistiques tout en réduisant les coûts et les délais.

Castellón : un levier logistique renforcé

Avec plus de 1,6 million de tonnes de marchandises échangées en 2023 entre le Maroc et Castellón, cette interface portuaire devient un hub secondaire stratégique après Algésiras. Le port espagnol bénéficie de sa proximité géographique, de sa connectivité multimodale et de ses infrastructures modernes, particulièrement adaptées aux flux issus du secteur agroalimentaire marocain, de la chimie et de la logistique industrielle.

Cette évolution n’est pas fortuite : elle résulte d’un recentrage des opérateurs marocains sur des corridors moins congestionnés et plus rentables. Castellón apparaît ainsi comme une alternative efficace aux ports saturés du Nord et de l’Ouest de l’Europe, renforçant la compétitivité logistique du Maroc sur le marché ibérique.

Un tremplin stratégique pour le commerce extérieur marocain

Ce partenariat logistique renforce la position du Maroc comme porte d’entrée des flux Sud-Nord. Il permet aussi de sécuriser ses exportations face à des aléas géopolitiques et climatiques. La montée en puissance de Castellón ouvre de nouvelles perspectives de diversification des routes maritimes et de désengorgement des ports nationaux, notamment Casablanca et Tanger Med.

Pour les exportateurs marocains, notamment les PME, cela signifie un accès plus fluide et compétitif à l’Union européenne, avec un potentiel accru de volumes, de fréquence et de services logistiques spécialisés. Du côté espagnol, ce renforcement des échanges sert également les intérêts de la région de Valence, qui y voit un levier d’attractivité économique.

Opportunités à capter, équilibres à préserver

Ce virage vers Castellón offre des opportunités de co-développement logistique, notamment à travers des investissements conjoints en infrastructures, en digitalisation des procédures portuaires, et en synergies douanières. Toutefois, une vigilance s’impose : cette dépendance accrue à un port extérieur pourrait fragiliser certains équilibres si elle n’est pas accompagnée par un renforcement parallèle des ports marocains intérieurs et secondaires.

À long terme, cette orientation s’inscrit dans une logique de résilience et de diversification des corridors logistiques, face à un environnement international marqué par la volatilité des coûts de transport maritime, les tensions géopolitiques et les exigences croissantes en matière de durabilité.

Le développement des échanges avec le port de Castellón traduit une vision proactive de la diplomatie logistique marocaine. Elle repose sur l’agilité, la connectivité régionale et la recherche constante d’avantage comparatif. Pour les opérateurs du secteur, cette dynamique ouvre un nouveau chapitre fait de défis et d’opportunités : celui d’un commerce maritime plus fluide, plus stratégique, et plus euro-méditerranéen que jamais.