Dans un contexte de compétition maritime de plus en plus tendu, la ligne reliant Tanger-Ville à Tarifa, sur la façade atlantique, fait l’objet de débats juridiques et commerciaux qui exacerbent l’incertitude entourant son avenir. La société DFDS, opérant actuellement sur cette ligne via sa filiale FRS Iberia Maroc, conteste vigoureusement l’attribution de cette route à la compagnie Baleària, qui, malgré les dates successivement annoncées pour le lancement de ses services, n’a pas encore pu amorcer la relance de la liaison en raison de diverses controverses en cours.
Le désaccord entre les deux acteurs majeurs du transport maritime a pris une tournure juridique significative. En effet, DFDS a saisi la justice espagnole pour remettre en question non seulement la procédure d’attribution du marché, mais aussi les chiffres avancés par Baleària concernant les prévisions de trafic et la faisabilité économique du projet. Cette procédure judiciaire a de lourdes conséquences, car elle retarde d’autant plus la mise en service d’un service qui, jusqu’à aujourd’hui, demeure une promesse sans fondement tangible. La cour n’a pas encore rendu de décision, et ce retard prolongé crée une instabilité qui affecte directement les opérateurs économiques, ainsi que les usagers de cette ligne vitale pour les échanges entre le Maroc et l’Espagne.
À l’instar des développements juridiques, la position de l’Autorité Portuaire de la Baie d’Algésiras (APBA) reste ambiguë. Bien que l’annonce de la victoire de Baleària ait été proclamée par son propriétaire, Adolfo Utor, avant même toute communication officielle de l’autorité portuaire, cette dernière se trouve dans une position délicate, subissant les pressions des parties prenantes tout en devant respecter des procédures administratives scrupuleuses. Ce climat de confusion, couplé à l’absence de décisions claires, nuit à la transparence et au bon fonctionnement des mécanismes régissant cette importante liaison transnationale.
Dans un développement parallèle, DFDS semble déjà préparer sa sortie de la ligne Tanger-Ville – Tarifa en redéployant ses actifs sur d’autres marchés. Le navire « Tarifa Jet », qui opérait jusqu’alors sur cette liaison, a arboré le pavillon britannique le 25 février 2025 et devrait être réaffecté à la ligne Jersey-Saint-Malo à partir du 28 mars 2025. Cette réorientation stratégique met en évidence les tensions croissantes et la volonté de DFDS de diversifier ses activités face à la volatilité de la situation sur la ligne maroco-espagnole.
Qui Réussira à Dominer la Ligne Tanger-Tarifa ?
Malgré la démarche de DFDS, la ligne continue de fonctionner, bien que sous des conditions de transition. La société DFDS, dans un souci de maintenir les services et d’assurer la continuité du transport, poursuit ses opérations sur cette ligne en parallèle à l’armateur maroco-suédois AML, garantissant ainsi une certaine stabilité pour les passagers et les marchandises qui dépendent de cette route.
Ainsi, le futur de la ligne Tanger-Ville – Tarifa reste incertain. Bien que la décision ait déjà été communiquée, et que Baleària ait désormais l’aval de l’APBA pour concrétiser ses ambitions sur cette route, DFDS, confrontée à une procédure judiciaire en cours, se réoriente vers d’autres projets maritimes. Cette évolution suggère un potentiel changement dans les acteurs opérant sur cette liaison stratégique. La situation actuelle soulève des questions concernant la transparence du processus d’attribution des lignes maritimes en Méditerranée et les mécanismes de régulation dans un secteur aussi compétitif et en pleine évolution.
Dans les mois à venir, les observateurs seront particulièrement attentifs à l’évolution des décisions judiciaires et administratives qui détermineront l’orientation future de cette ligne cruciale, tout en suivant de près les stratégies concurrentielles des différents acteurs impliqués dans ce dossier.