Au premier trimestre 2025, le secteur automobile marocain, pilier des exportations nationales, a enregistré une baisse significative de ses performances à l’exportation. Cette contraction, la plus marquée depuis la crise sanitaire de 2020, soulève des interrogations quant à la résilience du modèle industriel marocain face aux mutations du marché international.
Une contraction marquée des exportations automobiles
Les exportations du secteur automobile se sont établies à 37,4 milliards de dirhams (MMDH) à fin mars 2025, contre 40,5 MMDH un an auparavant, soit une baisse de 7,8%. Cette diminution est principalement attribuable à la chute de 23,7% des ventes de véhicules construits localement, qui sont passées de 17,9 MMDH à 13,7 MMDH. Par ailleurs, les exportations de composants et sous-ensembles ont reculé de 14,2%, atteignant 877 millions de dirhams. Seul le segment du câblage automobile a montré une certaine résilience, avec une légère hausse de 2,4%, totalisant 14,4 MMDH.
Un déficit commercial en aggravation
Cette baisse des exportations automobiles a contribué à l’aggravation du déficit commercial du Maroc, qui a atteint 71,6 MMDH à fin mars 2025, en hausse de 16,9% par rapport à la même période en 2024. Cette détérioration s’explique par une progression des importations de 6,9%, atteignant 187,7 MMDH, tandis que les exportations n’ont augmenté que de 1,5%, pour un total de 116,1 MMDH.
Les causes structurelles du repli
La contraction des exportations automobiles marocaines s’inscrit dans un contexte de mutation profonde du marché européen, principal débouché de l’industrie automobile nationale. Au premier trimestre 2025, les ventes de véhicules thermiques en Europe ont enregistré des baisses significatives : -20,7% pour les véhicules essence et -25,5% pour les diesel. Cette tendance s’explique par l’essor des motorisations alternatives : les véhicules électriques ont représenté 15,2% des ventes, et les hybrides 35,5%, réduisant la part des motorisations thermiques à 38,2%.
Implications logistiques et perspectives d’adaptation
La baisse des exportations de véhicules thermiques impacte directement les chaînes logistiques associées, notamment les flux de transport maritime et les infrastructures portuaires. Par exemple, le port de Tanger Med, hub stratégique pour l’exportation de véhicules, pourrait voir son activité affectée par cette contraction.
Face à ces défis, une réorientation stratégique vers la production de véhicules électriques et hybrides s’impose. Cela nécessiterait des investissements dans la formation, la recherche et le développement, ainsi que dans l’adaptation des infrastructures logistiques pour répondre aux exigences spécifiques de ces nouvelles motorisations.
En conclusion, le secteur automobile marocain est confronté à une conjoncture défavorable, marquée par des mutations profondes du marché international. Pour maintenir sa compétitivité, une adaptation rapide aux nouvelles tendances, notamment en matière de motorisations alternatives, est indispensable. Cette transition représente également une opportunité pour renforcer les capacités logistiques du pays et consolider sa position en tant que hub industriel et commercial régional.