Un parc logistique fragmenté frein à l’efficacité nationale
Le secteur logistique marocain se trouve à un tournant stratégique, où l’optimisation de l’entreposage devient un facteur décisif pour renforcer la compétitivité nationale. Selon Finances News Hebdo. Et le e Maroc dispose aujourd’hui plus de 20 millions de m² d’immobilier logistique répartis dans environ 13 000 unités – mais la taille moyenne des entrepôts reste de 1 360 m², et 60 % d’entre eux font moins de 1 000 m². Cette configuration fragmentée empêche les économies d’échelle attendues et génère des surcoûts en manutention. La dispersion des infrastructures logistiques à la sortie des ports entraîne des files d’attente, des retards prolongés et des frais supplémentaires pour les opérateurs.
Pour désengorger le réseau et lever les contraintes structurelles, les autorités misent sur le développement de grands clusters logistiques intégrés – d’au moins 50 hectares – idéalement situés à proximité des autoroutes et des lignes ferroviaires. Visualisés autour de grands hubs comme Tanger Med, Fès et Marrakech, ces pôles pourraient permettre une baisse de 25 % du coût moyen de transport intérieur. Les entrepôts classés « grade A » bénéficieraient d’un bonus fiscal de 10 % sur l’impôt sur les sociétés pendant cinq ans, tant qu’ils respectent les normes de traçabilité et de connectivité (fibre redondante, pré-câblage 5G).
Digitalisation & externalisation : les clés d’un entreposage performant
La modernisation passe également par la digitalisation : la généralisation des systèmes WMS en mode cloud, interopérables avec la plateforme nationale PortNet, permettra une traçabilité de l’unité de vente dès l’entrepôt – un atout essentiel pour répondre aux exigences du e-commerce et à la sécurité sanitaire. En parallèle, l’externalisation logistique demeure sous-exploitée : seulement 20 % des grandes entreprises et 5 % des PME l’adoptent, alors qu’elle pourrait générer jusqu’à 10 % d’économies logistiques grâce à la mutualisation et à l’innovation .
Jusqu’à 6 points de coût logistique gagnés : un objectif réaliste
Grâce à ces réformes – clusters intégrés, digitalisation avancée, externalisation –, le coût logistique global pourrait chuter de 15 % à 9 % du prix FFU (prix fabriqué), générant un effet compétitif équivalent à deux points de TVA pour les exportateurs. Une amélioration capitalisable dans la réindustrialisation du Maroc et la montée en gamme du « Made in Morocco ».
L’entreposage demeure un maillon stratégique pour la compétitivité logistique du Maroc. En mutualisant les infrastructures, en verticalisant les opérations logistiques, et en adoptant la technologie comme un accélérateur, le royaume peut transformer ce déficit en un atout structural. Construire ces hubs logistiques intégrés, moderniser via le numérique et encourager l’externalisation constitue une feuille de route indispensable pour ancrer la résilience opérationnelle et la souveraineté supply chain à l’horizon 2030.