Le jeudi 8 mai 2025 marque un tournant dans la configuration maritime du détroit de Gibraltar : Balearia a officiellement lancé ses opérations sur la ligne Tarifa – Tanger Ville, succédant ainsi à DFDS/FRS qui s’est retiré quelques jours plus tôt. C’est le fast ferry Avemar Dos qui assure pour l’instant le service, mais les essais à quai du Jaume I n’ayant pas été concluants, la compagnie devra rapidement trouver une solution pour compléter sa flotte et répondre aux exigences du cahier des charges imposé par l’Autorité Portuaire de la Baie d’Algésiras (APBA).
Cette entrée en service reste donc partielle, et bien que Balearia ait exprimé de grandes ambitions pour les quinze prochaines années, l’opérateur se retrouve d’ores et déjà confronté à un défi logistique majeur : constituer une flotte opérationnelle à deux navires, comme stipulé par l’appel d’offres de l’APBA.
Par ailleurs, la compagnie espagnole s’est engagée à remplacer d’ici moins de trois ans ses deux fast ferries actuels par de nouveaux navires, plus modernes et écologiquement performants. Ce projet s’inscrit dans la lignée des ambitions annoncées par son président, Adolfo Utor, et prévoit la construction de deux unités de dernière génération : l’« España 2030 » et le « Maroc 2030 ».
Vers une montée en puissance du côté marocain ?
Pendant que Balearia se projette vers l’avenir, le ministère marocain du Transport et de la Logistique prépare de son côté un appel d’offres pour désigner le futur opérateur national de cette ligne stratégique, aujourd’hui assurée provisoirement par Africa Morocco Link (AML) suite à l’effondrement d’Intershipping.
La question centrale demeure : le futur opérateur marocain suivra-t-il l’exemple de Balearia en investissant dans une flotte neuve et durable ? Le besoin de modernisation de la flotte marocaine est un fait avéré. Ce sujet s’inscrit directement dans les orientations stratégiques exprimées par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, appelant à la constitution d’une marine marchande nationale performante et compétitive.